46a                          JOURNAL DE HENRI III.
conspirateurs : c'est que, parvenant à la semaine de Noël, comme au dernier période de ce jeu tragique, il fait écrire comme par forme de résultat et signé, qui fut sçû de toute la cour, ce qu'il vouloit faire par cha­cun jour jusqu'au lendemain de Noël. Le lundy, le Roy y etc. Le mardy, etc. Le mercredy, elc. Le jeu­dy, elc. : dont il ne me souvient pas, mais bien que vendredy le Roy iroit à Notre-Dame de Clery. Cet excès de dévotion à l'article de sa ruine frappa d'un grand étonnement tous ses pauvres serviteurs, qui jugeoient par-là n'y avoir plus d'espérance de salut pour leur Roy ; mais d'ailleurs aussi donna une telle assurance à ses ennemis, qu'ils ne voyoient plus d'obstacle qui les t empêcher de jouir du souverain fruit de leur entre­prise.
Ceci fit prendre résolution au cardinal de conseiller le duc de Guise de s'en aller à Orléans, et de le laisser auprès du Roy, disant qu'il étoit assez fort pour con­duire l'œuvre à perfection : c'étoit pour enlever le Roy, et le mener à Paris. Ce qui fut sçû par un homme de cour, du sieur de Provenchere, domestique du duc de Guise, et de ses confidens aux affaires du tems, en discourant ensemble de la guerre résolue, et lui ayant dit le desir qu'à cette occasion les courtisans avoient que M. de Guise conseillât le Roy d'aller à Paris, puis­que Sa Majesté se confioit maintenant en lui de la conduite de ses affaires ; que c'étoit aussi le lieu où il falloit faire un ventre à ce monstre - là, c'est-à-dire trouver le fond pour faire et continuer la guerre. Et ce fut le mardy au soir que ce confident le dit en ces mêmes termes : « C'est bien l'intention de Monsieur de « l'y mener. »
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